adrift
pour violon et synthèse en temps-réel (2014)

Durée : 6 min.

A l’instant où le violoniste reprend le rituel de l’accordage, l’ordinateur analyse les premiers sons émis. L’humain et la machine amorcent de concert leur lente dérive, ils vont tâcher de s’entendre, littéralement. Leur logique de jeu n’est pas la même : la partition du violon est une proposition sonore que le compositeur transfère à l’interprète, tandis que l’ordinateur porte encore une partie du processus de composition ; il en tirera sa propre partition au fil de la pièce.

Cette double partition, à la fois solfège et algorithme, participe d’une conception cyclique de la composition, où l’analyse et la synthèse deviennent indissociables. Les sons de la machine ne sont pas déclenchés par une chronologie pré-écrite, ils sont paramétrés et émis par une logique de composition confiée à celle du silicium. La séparation de convenance entre le compositeur et l’interprète tend ainsi à s’effacer, au profit d’une construction concertée, médiatisée par l’écoute.

L’arrivée de la machine dans le champ musical a ouvert la voie à un continuum de pratiques jusque-là disjointes : écriture, interprétation, perception, analyse, etc. Dans l’expérience d’Adrift, les formes conçues par le compositeur sont portées par la partition et par l’ordinateur, sans aucune improvisation, mais les aspérités spécifiques au jeu de l’interprète assurent que chaque réalisation de la pièce soit unique, bien en dehors des marges qui lui sont traditionnellement accordées.

Création

Le 14 juin 2014 par Claire Meyer, Cité de la Musique et de la Danse, Strasbourg