Durée : 6 min.
pour flûte, clarinette, piano, violon, alto et violoncelle
Parmi les moyens d’écriture conquis par la musique figurent de nombreux procédés inspirés des techniques électroacoustiques. Plutôt que de les imiter, le compositeur peut en dériver des modèles formels et faire ainsi d’un procédé technique une modalité de perception de la durée. C’est le cas du fondu, qui organise les échanges d’énergie d’un son à l’autre, et dont le morphing est la forme parcimonieuse.
Composé à l’occasion de l’Exposition Universelle de Milan sur le thème « feeding music« , Fading est né de ces jeux de transformation qu’évoquent philosophes et chimistes depuis Anaxagore : « rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ». Tout au long de la pièce, cinq textures primordiales, chacune guidée par l’articulation d’un ou deux instruments, s’hybrident entre elles pour réaliser une variété de métamorphoses, une phylogénèse des sons que l’on parcourt à la manière d’un jardin botanique.
A l’intérieur de ce petit cosmos, il n’y a pourtant ni calme, ni profusion. A mesure que le son se déploie, qu’il tente de perdurer, son énergie s’en échappe lentement. Depuis la ligne descendante qui ouvre la pièce jusqu’au silence final qui la dissout, chaque tentative de regain voit inexorablement le son se consumer, d’abord distordu, soufflé et finalement balayé ; le fondu devient tout entier une disparation.
Création
Le 27 septembre 2015, par l’ensemble Sentieri Selvaggi, au pavillon italien de l’Exposition Universelle de Milan.