durée : 20 minutes
Malgré leur proximité dans l’organologie classique, la guitare et le quatuor à cordes produisent peu de fusions évidentes. C’est de cette distance et de la nécessité de la combler, non par plus de son, mais par plus de silence, que sont venus les enjeux de la composition.
Il faut écouter le silence et ses qualités : s’il rythme d’abord les ruptures, les passages entre des formes sonores autrement irréconciliables, il devient à son tour une musique qu’on peut approcher, qu’on peut détailler par des mouvements très progressifs du son. L’électronique qui se lie à l’effectif instrumental agit à la façon d’un microscope, tantôt spatial, par amplification, tantôt temporel, par ralentissement. Au plus près du silence, on retrouve une fusion propice à la continuité de multiples façons d’écouter.
Reste l’attaque d’une corde pincée. Comme un son de cloche ou de gong, elle n’est jamais approchée que par le silence, sinon par le crescendo d’une orchestration d’archets. Toute délicate qu’elle soit, la guitare est antagoniste au silence, elle sonne le rappel à la musique et occupe dans cette configuration une place singulière – inévitablement soliste. Le violoncelle l’accompagne, c’est-à-dire qu’il la précède depuis le silence, et emporte ses résonances vers les timbres harmoniques des deux violons et de l’alto, placés bien en arrière pour adjoindre au silence un halo.
au plus près du silence est dédié à Isabelle Chomet, en mémoire de son maître Oscar Cáceres
Création
Le 26 janvier 2025 par le Quatuor Stanislas et Isabelle Chomet à la Salle Poirel, Nancy