Durée : 8 min.
Une œuvre musicale lutte contre deux disparitions : celle du son, dont l’énergie se dissipe jusqu’au silence, et celle de la perception qui s’émousse si elle n’est pas sollicitée de manière adéquate. Les techniques instrumentales et les formes musicales concourent à faire émerger la vitalité et l’unité suffisante pour soustraire la musique, le temps d’une pièce, à cette double érosion.
Dans Champ libre, la composition est réduite à la simple nécessité de la survie, et la pièce prend la forme d’une exploration. Avec ses deux cordes tendues dans le vide, le erhu joue de la fragilité du son que le moindre geste propulse dans des directions imprévues. Les bruits transitoires accèdent par l’écriture au rang de matériau et s’articulent avec les gestes idiomatiques de l’instrument ou les multiples modulations de son timbre. Rien, pas même le silence, ne semble pouvoir limiter son territoire sonore.
champ libre est dédiée à Ying-Chieh Wang