grains
pour percussions (2014 – 2015)

Durée : 31 min.

Le travail avec les percussions est très révélateur de l’espace ambigu qui se forme entre la pensée de l’écriture et l’expérience physique du son. Le graphisme musical, très efficace pour calibrer des impacts précis, rend difficilement compte des phénomènes qui font la richesse des instruments acoustiques : complexité des attaques, durées et couleurs des résonances, etc.

Le domaine du « grain », en revanche, celui de la synthèse sonore granulaire ou de la physique des tas de sable, permet de composer avec des propriétés sensibles bien au-delà (et en-deçà) des catégories logiques de la partition : masse, densité, rugosité, brillance, etc. Comme une cellule organique, le grain lourd d’un battement de grosse caisse peut se diviser en autant de graines que contient un bâton de pluie, puis encore se réduire aux aspérités invisibles d’un crin d’archet frottant le bord d’une cymbale.

À l’intérieur de ce continuum sonore, les mutations successives réalisent des formes libérées des idiomes de l’écriture et des archétypes du langage (déclamation, suspens ou surprise). La matière solide des instruments est dissoute au profit de la fluidité des timbres et se diffuse, comme un liquide, par des chemins en réseau. Grains est l’exploration d’un seul son, déconstruit et reconstruit à différentes échelles, qui dévoile une matière artificielle seulement accessible par l’ouïe.

Grains est dédié à Konstantyn Napolov.