Durée : 13 min.
I keep the subject of my inquiry constantly before me, and wait till the first dawning opens gradually, by little and little, into a full and clear light.
Cette citation d’Isaac Newton (1643-1727), très probablement apocryphe, donne à ce trio pour voix, flûte et piano son titre, sa forme et renvoie encore au modus operandi du compositeur. L’œuvre ne quitte jamais son créateur, pas plus son esprit que la partition, tant qu’elle n’a pas trouvé son achèvement. S’agit-il de cette même lumière que Newton prête à la recherche scientifique et vers quoi conduit la quête lorsqu’il s’agit de musique ?
La réponse est strictement musicale et porte sur la forme de l’œuvre : devenir une évidence. D’abord, la musique est, c’est-à-dire qu’elle est limitée, par l’écrit, dans le temps et l’espace. Elle ne devient qu’en deux circonstances : lorsque le compositeur la conçoit et, plus tard et à plusieurs reprises, lorsqu’elle convoque le phénomène instrumental et sonore. Transmettre, dans le temps d’une exécution musicale, une expérience qui relève d’une pensée aussi simple que persistante, comme le fait un aphorisme en littérature ou en philosophie.
Dans I keep light, la forme est donc donnée, d’une certaine manière, en permanence au lieu de n’apparaître qu’à la toute fin. Une même phrase, une même « micro-forme », que l’on peut repérer très nettement à l’écoute, se réalise dans de multiples possibilités. L’œuvre définitive, la « macro-forme » n’existe pas au-delà de la superposition de ces différentes réalisations. On perçoit bien plusieurs possibilités d’un unique sujet sonore, mais on ne peut en retenir que l’essentiel : son « évidence » – donc sa forme.
Création
Le 7 mai 2009 par Géraldine Keller (soprano), Sophie Dardeau (flûte) et Catherine Chaufard (Piano) à l’Auditorium du Conservatoire de Nancy