lithium
pour ensemble (2013 - 2014)

Durée : 15 min.

lithium (extrait)

Quelque chose dans la musique est plus fidèle à la pensée que ne le sont le langage et la parole. Tandis que l’expression quotidienne impose d’ordonner ses idées puis de les juxtaposer – ne serait-ce que dans l’espace d’une phrase – la musique rend compte, par la superposition de ses propres états, de la complexité et de la multiplicité des raisonnements et des sensations. C’est cette densité, cette nature réticulaire de l’esprit que j’ai voulu explorer ici : au lieu d’imposer un parcours univoque, lithium propose une architecture dans laquelle la perception peut évoluer plus librement et qui, à la juxtaposition et la succession, substitue la superposition et l’enchevêtrement.

A partir d’états sonores hétérogènes qui évoquent le métal (des résonances, des textures inharmoniques, des bruits de différentes couleurs, etc.), j’ai expérimenté avec l’aide de l’ordinateur– obligatoire à ce niveau de combinatoire – une forme exhaustive, qui coordonne chaque petit agencement dans un flux continu mais sans direction. La machine retrouve aussi sa place sur scène, parmi les autres instruments, sous la forme d’un synthétiseur analogique, symbole des modes psychédéliques des années 1970, qui enrichit la fusion des timbres et des couleurs de l’ensemble.

Ce « quelque chose » que j’évoquais au début, et que je tente de formaliser, tient peut-être d’une certaine folie, de ce trouble fondamental né de l’écartèlement entre l’écriture et le son, qui place toujours l’auditeur dans l’impossibilité de discerner tout ce qui compose la musique, mais dans la nécessité d’en saisir ce qui lui ressemble. Voilà ce qui donne son titre à lithium, à la fois métal aux formes éphémères et remède possible aux troubles de l’esprit.

Création

Le 27 septembre 2014, par l’Ensemble de Musique Contemporaine de Strasbourg, sous la direction d’Armand Angster, Festival Musica, Salle de la Bourse, Strasbourg.

Informations & Réservations

Site du festival Musica