Durée : 15 min.
A chaque composition, un enjeu persiste : écrire une musique qui ne cède ni à la narration, ni à la dramaturgie. De même que la littérature, pourtant plus proche de la langue, peut s’émanciper de la forme d’une histoire, il ne m’intéresse pas que la musique raconte – ni même qu’elle exprime quoi que ce soit qui devrait lui précéder. Il m’importe davantage que la musique imprime, ou impressionne, qu’on puisse l’apprécier par la partie de nous qui pense et s’épanouit sans recours au langage.
La spécificité de la musique n’est probablement pas dicible, mais on peut entrevoir un élément essentiel de ce qui la distingue d’un langage : sa capacité à superposer des matériaux hétérogènes. Au lieu de juxtaposer ses constituants, comme le font syntaxe et grammaire, la musique les décompose sans cesse, modelant le son à la manière d’une réaction chimique, par fusion, fission, agrégation, dissolution, etc.
Plasma est une réaction sonore : ça n’est pas une stratégie extérieure à la musique qui en fait la forme, c’est l’opportunité des collisions, des interférences et des affinités qu’entretiennent entre eux ses différents états internes. Le quatuor à cordes réalise cette expérience de l’instabilité, des directions erratiques et des zébrures, évoquant peut-être la façon dont l’énergie est dissipée lors d’un orage ou d’une aurore boréale. Au lieu de préparer à la surprise permanente d’un drame, plasma est une invitation à « contempler l’agitation » et à saisir, en guise de forme, la stabilité qui demeure par-delà cette agitation des instants.
Plasma est dédié au Quatuor Stanislas, pour ses 30 ans.
Création
Le 12 mai 2014 par le Quatuor Stanislas, Salle Poirel, Nancy