Durée : 15 min.
Il est généralement difficile de distinguer chez un compositeur ce qui relève de sa seule invention, d’un matériau préalable qu’il aurait assimilé ou d’un emprunt pur et simple. Avec Slices, j’ai voulu composer un paysage personnel du violon à partir de différentes sources : des fragments écrits, des sons concrets, des souvenirs musicaux ou encore les gestes idiomatiques d’une cadence de concerto.
Dans cette matière hétérogène, j’ai cherché des continuités, des connexités qui seraient autant de prémisses à une forme cohérente : établir un espace entre les sons et s’y mouvoir. La pièce y chemine sans récit, à la façon de la mémoire ou des rêves, guidée par les formes de la raison qui s’affranchissent des seuils – ceux que fixent le langage et l’habitude.
L’imagination émerge, je l’espère, d’entre les sons, si fragilement que la mémoire nous trompe la plupart du temps : nous nous souvenons de chimères qui n’ont jamais existé et croyons inventer ce que nous avons déjà appris. Reste l’exigence de la composition : ne rien oublier, ne rien laisser de côté qui pourrait sceller l’unité d’une œuvre.
Le titre de la pièce est une allusion aux éclisses du violon dont l’étymologie remonte au vieux français « esclicer« , se fendre en éclats.
Slices est dédié à Winnie Huang.