Theôria est un hommage à Iannis Xenakis, à l’occasion de la célébration de son centenaire en 2022. L’Antiquité utilisait ce mot pour désigner la spéculation et la contemplation, là où les temps chrétiens ont préféré le drâma. Le sixxen est l’héritage d’un compositeur soucieux à la fois d’art et de science, conscient du danger de l’émotion sans analyse, ou de la pratique sans théorie.

Composer pour le sixxen oblige à penser : l’instrument ne possède pas de hauteurs fixes, et les effets faciles ne font pas partie de son langage. À l’image des esquisses post-architecturales de Xenakis, il encourage la composition de trajectoires — d’une simple ligne droite dans l’espace jusqu’au balayage d’un spectre de fréquences, ou des effets de zoom qui révèlent le grain de la percussion frottée.

Le dispositif de six percussionnistes intègre le sixxen dans un paysage métallique plus vaste. Nos yeux brillent devant ces instruments issus de la révolution industrielle, mais nos oreilles cherchent encore à comprendre ce qu’elles entendent ; avec eux, il nous faut penser.