Durée : 9 min.
Je hais les voyages et les explorateurs…
La célèbre incise de Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, que j’accapare sans précaution, me prédispose peu à assimiler la composition ou l’audition à un voyage. Et pourtant l’expression s’entend souvent.
En tant que compositeur, la cartographie m’intéresse plus que le voyage. Au lieu d’un simple parcours et du récit qu’il suscite, elle dévoile des aspects plus musicaux : la cartographie n’est pas un parcours, elle est l’ensemble des parcours possibles. Elle est un appel à l’imagination.
La composition de terres digitales est conçue comme un travail de cartographie. A partir de cinq « continents », cinq textures sonores bien distinctes, la partition combine les contours et parcours possibles qui mènent d’un son à l’autre.
Ces terres-là ne sont ni tout à fait palpables, ni tout à fait imaginaires, quelque part entre l’écriture, le son et les déplacements savants des mains du pianiste.